Dessin du visage d'une femme avec des fleurs sur la tête

Polin

De retour dans ses montagnes depuis le printemps 2017, Polin dessine et redessine à l’infini un buste féminin sans tête, ni bras, ni jambes.

Ce buste a d’abord été le réceptacle de ses ressentis et ses questionnements sur sa féminité et son statut de femme à l’aube de ses 30 ans.

Petit à petit, l’introspection a laissé place à une réflexion plus générale et plus ou moins engagée, sur les caractéristiques de la féminité, les représentations de la femme, les persécutions liées au genre féminin, sur les combats féministes d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Polin dessine presque toujours ce buste féminin avec une forme corsetée qui fait référence aux contraintes rigides auxquelles font face les femmes à tous les niveaux et dans toutes les sociétés. Le sexe féminin est simplement évoqué par les deux tétons et le nombril formant un triangle avec la pointe vers le bas.

Son travail est celui d’une femme en colère et obsessionnelle, mal à l’aise avec les représentations de la féminité, mais qui laisse place de temps en temps à une expression plus légère et sensuelle du corps féminin.

Polin par Agathe (cofondatrice de la Résidence d’Artistes Villa Glovettes)

 

Il faut parfois commencer par rencontrer la personne avant l’artiste. Celle qui se présente propose d’aller marcher avec les chiens. Celle qui, au gré des balades, dissémine quelques informations sur l’existence d’une production artistique et d’un geste, qui depuis longtemps, se répète.

En prétextant l’envie d’un café, je demande à voir le travail. Sur le lit, le bureau, la table, les œuvres sagement rangées dans un carton, envahissent le petit espace habité et me plongent dans le studio de l’artiste. La promenade prend des allures hallucinées au milieu d’une dense forêt de bustes.

D’une peinture l’autre, le vaste réseau des figures de Polin crée un monde à part entière, en creux du notre. A son innocente surface plastique, sourd une profonde lutte féministe depuis laquelle l’artiste opère. C’est dans cette utopie sororale que Polin nous promène.

Polin par Laure de Sismique & Sensuelle

Polin est l’histoire d’une éclosion.

Artiste d’une sensibilité voire d’une fragilité émouvante, elle a longtemps gardé son travail pour elle. Ses œuvres sont des témoins intimes qu’il fallait garder pour soi.

Elle tisse la force de son expression avec les lignes parfaitement ordonnées tirées à main levée. Un travail impressionnant de régularité et de précision que seuls de petits tremblements d’émotion attestent qu’ils ont été réalisés sans outil.

Sous emprise de ce buste sans tête ni bras, elle trouve sa liberté en le transformant, le colorant, l’assemblant au gré de son chemin personnel. 

Nous assistons alors à la transformation de l’artiste au fil de ses dessins. 

Suivant les périodes, nous pouvons y lire, les peurs, les angoisses, les témoignages de son temps, le poids du passé, la lignée des femmes, la mécanique du mental, la compréhension, le pardon et l’éclosion qui a mené l’Art de Polin a être vu aujourd’hui.

Je vous invite à la suivre sur son chemin dessiné.